mardi 17 mai 2011

Fritz Lang, Ladykiller


2009

Auteur : Jean-Loup Bourget
  • ISBN-10: 2130565913
  • ISBN-13: 978-2130565918


Je n'ai pas réussi à terminer le livre. Ma critique en sera bancale mais le fait de ne pas avoir envie de finir est en soi une information intéressante. Il n'y a qu'un film que je n'ai pas vu jusqu'au bout, "L'amour par terre" de Rivette. Un jour je le terminerai, histoire d'effacer cette tâche sur mon orgueil blessé. J'arrive donc généralement à aller au bout de l'ennui quand il s'agit d'un film, ça m'a valu tellement d'agréables surprises, des films qui se révélaient sur la fin. Malheureusement, n'étant pas livrophage, je ne fais pas preuve d'autant de patience avec les bouquins. Je suis très sensible au style, à la clarté de l'écriture et à la brillance intellectuelle de l'argumentaire. Aussi quand l'un de ces éléments vient à manquer à l'appel, l'envie d'aller voir ailleurs me taraude-t-elle méchamment.

Sur "Fritz Lang : Ladykiller", le style est bon, agréable, un peu pompeux par moments, quelques expressions alambiquées auraient mérité plus de lisibilité.

Non, ce qui m'a un peu énervé, c'est le sentiment que l'auteur ne maitrise pas totalement son écriture. Il y a beaucoup de redites entre les chapitres. De plus, il part souvent dans de longues digressions, disgracieuses, usantes.

Mais le pire, c'est qu'elles sont souvent capillo-tractées. Au départ, on reste sage sur son banc, mesuré. On se dit que le monsieur s'amuse, a beaucoup réfléchi sur les films et l'histoire de Fritz Lang et que par conséquent, il a envie de faire partager à tout le monde le contenu de son dur labeur.

J'ai donc lu le premier chapitre en intégralité. Il s'occupe des relations complexes qu'a noué le cinéaste avec la gente féminine. C'est à peu près intéressant, malheureusement gangréné par une masturbation psychanalytique, souvent pénible de bêtise. M'enfin, passons.

J'espérais, en tant qu'historien de formation, que j'allais trouver dans le deuxième chapitre consacré à la politique une assise intellectuelle moins vaporeuse, bâtie sur des faits plus concrets... Mon cul! J'ai eu un mal fou à tenir le choc de l'exaspération. A propos des Nibelungen, les réflexions foireuses ont fini de m'estropier la cervelle et de me retourner l'estomac. J'ai déclaré forfait quand l'auteur a répété un truc qu'il a péché chez un imbécile : l'incendie du palais à la fin des Nibelungen serait une vision prémonitoire de l'assaut final du bunker hitlérien. Voyez le genre de conneries que le livre manipule? Sans dec! C'est tout simplement pas possible. Je suis le premier par enthousiasme juvénile à me branler la tête de temps en temps, et sur des films qui n'ont pas l'envergure de ceux de maitre Lang, mais cette trituration de méninges a des limites que Jean-Loup Bourget dépasse bien trop souvent pour mon petit cœur.

J'ai essayé de continuer. J'ai tenté le troisième chapitre où il fait des comparaisons entre le cinéma de Lang et ceux de ses contemporains. Lang, Hitchcock? Mouais! Lang, Murnau? Argh! Lang, Bunuel? Bon, j'arrête. Définitivement. Non, décidément, je ne me vois pas continuer ainsi à perdre mon temps et mes nerfs.

2 commentaires:

  1. 1ère partie

    vous écrivez :"Mon cul! " J'adore. je reviens vers vous parce que j'ai deux dettes, l'une à votre égard (j'ai été odieuse un jour de colique névrotique), l'autre à l'égard de Fritz Lang. J'avais écrit "Fritz, le bien nommé", puis songeant aux films de mon enfance "M, le Maudit", "Métropolis—1984 XXL" et plus tard à ses bons films américains "The House by the River" j'étais allée (l'accord au féminin est-il justifié ?) un
    peu vite. J'ai donc emprunté kek films pas connus et des re-voyures.
    Rancho Notorious est ignoble (je ne pense pas que ce soit le seul fait de la copie — mauvaise). J'ai pris un demi témesta avant de passer
    "M. le Maudit" et à ma grande surprise, j’aurais pu m’en passer : l'angoisse de naguère n'était plus du tout
    de mise. Comme il est gentil ce rondouillard avec les petites filles. Moi
    aussi je l'aurais suivi pour une barbe-à-papa. Quel tact : dans ce film, il ne passe jamais à l’acte. On ne voit rien, on entend siffloter cet air de Peer Gynt qui dit tout et constitue la chair de l’orchidée de l'angoisse. Sinon que voit-on ? Deux communautés antithétiques : la police maladroite, qui comme toujours fait à l'infini des plans sur la comète et la communauté dix fois plus inquiétante et importante des
    malfaiteurs en tous genres qui ne peuvent plus faire leur boulot (vol, recel et faux billets). Donc l'action du film se résume à cette question : qui, des défenseurs ou des détracteurs de la morale, mettra la main sur "M". Et le moment le plus émouvant du film — je ne l'avais pas vu comme ça autrefois — est ce tribunal de la pègre, dans un sous-sol kafkaïen, prêt à lyncher Peter Lorre (je me souvenais de l’appel désespéré de la mère, et de son écho, qui traverse les cours vides de ces HLM dans la nuit). La justice des hommes, sortira saine et sauve (et nous avec) en entendant et comprenant notre ami qui sera envoyé à l'asile. Comme vous le savez, Hitler, a recruté dans les populations carcérales, et les prisonniers de droit commun qui n’ont pas le moindre soupçon de ce qu’est la morale, la pègre de ce film, verra son salut dans cette grande gueule providentielle (là, je rejoins le monsieur que vous citez plus haut et vous n’êtes sans doute pas d’accord avec moi).

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  2. (j'ai mal coupé, je crois)

    J'ai pris un demi témesta avant de passer
    "M. le Maudit" et à ma grande surprise, j’aurais pu m’en passer : l'angoisse de naguère n'était plus du tout
    de mise. Comme il est gentil ce rondouillard avec les petites filles. Moi
    aussi je l'aurais suivi pour une barbe-à-papa. Quel tact : dans ce film, il ne passe jamais à l’acte. On ne voit rien, on entend siffloter cet air de Peer Gynt qui dit tout et constitue la chair de l’orchidée de l'angoisse. Sinon que voit-on ? Deux communautés antithétiques : la police maladroite, qui comme toujours fait à l'infini des plans sur la comète et la communauté dix fois plus inquiétante et importante des
    malfaiteurs en tous genres qui ne peuvent plus faire leur boulot (vol, recel et faux billets). Donc l'action du film se résume à cette question : qui, des défenseurs ou des détracteurs de la morale, mettra la main sur "M". Et le moment le plus émouvant du film — je ne l'avais pas vu comme ça autrefois — est ce tribunal de la pègre, dans un sous-sol kafkaïen, prêt à lyncher Peter Lorre (je me souvenais de l’appel désespéré de la mère, et de son écho, qui traverse les cours vides de ces HLM dans la nuit). La justice des hommes, sortira saine et sauve (et nous avec) en entendant et comprenant notre ami qui sera envoyé à l'asile. Comme vous le savez, Hitler, a recruté dans les populations carcérales, et les prisonniers de droit commun qui n’ont pas le moindre soupçon de ce qu’est la morale, la pègre de ce film, verra son salut dans cette grande gueule providentielle (là, je rejoins le monsieur que vous citez plus haut et vous n’êtes sans doute pas d’accord avec moi).


    2ème partie
    Dans ce coffret il y a un "Testament du Dr Mabuse", que j'ai lâché en cours de route hier. Je ne comprenais rien. Mais la rondelle étant restée dans le lecteur
    j'ai regardé la fin en mangeant ma paella de Picard surgelés (celles de "Marie" qu'on trouve à Monoprix contiennent des pièces de monnaie : les plus grosses, de 10 centimes, restent dans la gorge). Et surprise, la fin est spectaculaire et c'est très beau à voir. Mabuse, finalement identifié dans la personne d’un directeur d’hôpital psychiatrique, Dr Baum (B-A-U-M ou MABU au scrabble) a programmé de faire sauter une usine de produits chimiques (son « testament »), les gaz libérés par l’incendie sont mortels à des centaines de kilomètres à la ronde. Repéré sur le lieu du crime il s’enfuit en décapotable avec à ses trousses le commissaire Lohman (qui était déjà en service dans « M »). S’engage alors dans la nuit une course poursuite émaillée d’obstacles et sublime ; elle est
    filmée en contre-plongée (si c'est le mot juste) on voit le capot de la voiture ornée de sa pièce d'orfèvrerie (reconnaissable entre toutes quand il s'agit d'une Rolls, ce qui n’est pas le cas ici, mais dont le nom m’échappe), la tête du conducteur, et la frondaison des arbres qui défilent à une allure démente. J’ai finalement passé un bon moment, mais je ne le reverrai pas de si tôt

    Les sous-titres sont d’Eisenschitz, dont je viens de lire une bio/bibliographie édifiante. Il a consacré 5 années de sa vie à Fritz Lang et à une face cachée du cinéma allemand. Si je vous dis cela, c'est que le livre dont vous parlez plus haut vous a déçu. Et que le sien est au moins aussi intéressant. Je vais passer au troisième DVD du coffret : les
    commentaires.

    Enfin votre article : il est très drôle. Vous êtes une personne très sympathique quand vous parlez cinéma : on sent que le moteur est rôdé et que vous êtes chez vous.

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