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mardi 4 juillet 2017

Le port de l'angoisse



1944

Titre original : To have and have not
Titre francophone : Le port de l'angoisse

Cinéaste: Howard Hawks
Comédiens: Humphrey Bogart - Lauren Bacall - Walter Brennan

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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Vu et archi-revu, ce classique ne perd jamais, en aucune circonstance, de sa magie. Je me rappelle l’avoir vu en salle à l’Utopia ou au Vigo quand j’étais bordeluche et c’était un moment merveilleux où l’on prend toute la mesure de la grandeur du cinéma.
Cette magie ne tient pas uniquement à la rencontre Bogart / Bacall. Bien entendu, cette histoire d’amour débordant de l’écran a quelque chose d’enivrant, d’enthousiasmant tant les deux acteurs sont séduisants, à se sourire d’un air entendu,à se lier de façon si naturelle et évidente, si complices.
Mais le film offre plus encore. Cette espèce de huis-clos est étrange. L'île de la Martinique est faite en carton-pâte, en studio, la mer a un petit air de piscine. La brume et la nuit estompent les contours, enfermant davantage les héros dans leur cage. L’atmosphère est rendue étouffante par cette police française collabo, incarnée par l’adipeux Dan Seymour,
toujours présente, toujours intrusive, marquant l’oppression jusqu’à l’excès que l’humour et la joie militante de vivre de ses adversaires parvient à rompre plus que par intermittence. Le juste combat de la liberté contre l’arbitraire se gagne aussi dans l’état d’esprit résolument gai, ferme, mais gai, la légèreté n’excluant pas la rigueur morale face à la haine. Malgré tout, le film de Hawks reste pétillant, tourné vers un avenir positif, dans une sorte d’élan généreux et surtout courageux. Ce film est un baume.
Les acteurs sont au diapason. Humphrey Bogart fait partie de ces acteurs qui jouent grosso modo le même rôle, mais le font en collant à la perfection leur personnalité à leur personnage et dans le fil ténu de l’histoire, comme un équilibriste, toujours proche de tomber dans la caricature et pourtant, en fin de compte, il est toujours très juste, complètement maître de son jeu, en adéquation parfaite avec le récit. Il est incroyable. La classe. Tout le monde se tait, et on applaudit.
Presque comme dans un miroir, son alter ego féminin, Lauren Bacall fait toute jeune, mais son regard est déjà d’un coquin assumé, incandescent et fier. La complicité qui émane de leur jeu, de leurs répliques dépasse de loin l’approche évidemment super sexuelle des dialogues. Ces deux-là sont faits pour s’entendre, se comprendre d’un seul regard et cette rencontre sert naturellement l’histoire. “Parce que c’était lui, parce que c’était” elle. Forcément.  
Comme il sied sur ce genre d’aventure, romantique et périlleuse à la fois, le couple doit voir traîner dans ses pattes une tierce personne, soit une figure paternelle, soit une figure enfantine. Dans le cas présent, Walter Brennan
allie un peu les deux extrêmes. L’alcoolisme de son personnage le rend un peu puéril, accroissant d’autant le péril autour de lui. Dans ce petit cadre du trublion toxico et tendre Walter Brennan sait jouer sa partition à la perfection, c’est un rôle habituel presque récurrent du vieux râleur, pas toujours sûr, mais fondamentalement bon et généreux. Avec ces trois-là, se forme une sorte de famille de substitution, rassurante dans ce monde en déroute.

Le film de Hawks adopte un tempo somme toute rapide, ce qui ne surprendra personne. Le cinéaste maîtrise l’art du rythme. L’alternance entre les scènes romantiques, divertissantes et les scènes d’action plus dramatiques promeut un spectacle fait d’équilibres et d’assurance, net, élégant, surtout d’une efficacité redoutable. Comme je disais plus haut, en dépit d’un tournage en studio évident, on parvient avec une grande facilité à se sentir immergé dans le récit. Remarquable. Ça fonctionne encore, et encore, et encore.

Trombi:
Sheldon Leonard (left gauche):

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