Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
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vendredi 11 juillet 2014
L'hôtel du libre-échange
1979
Titre: L'hôtel du libre-échange
Auteur: Georges Feydeau
Réalisateur: Guy Séligmann
Comédiens: Jean Poiret - Marthe Mercadier - Jean-Pierre Darras- Pierre Mondy
Notice Imdb
Vu sur le net
Du théâtre filmé, c'est une absence de public préjudiciable, en tout cas frustrante. On se demande bien pourquoi on a opté pour cette formule. La mise en scène n'y gagne pas plus d'éclat. Certes, la caméra est plus proche des comédiens, mais la structure théâtrale est toujours bien visible. Alors, à quoi bon? Sécurité? Economie de moyens? Même pas sûr. Malgré ce défaut préalable, j'ai pris énormément de plaisir grâce au rythme endiablé de cette comédie, à la faconde des personnages, ces dialogues pétillants, si bien troussés, grâce enfin à ces comédiens, certains excellents.
Je ne connais pas bien le théâtre de boulevard des origines, celui de Georges Feydeau particulièrement. Et en prenant de la bouteille (y a-t-il réellement lien de cause à effet?), je crois bien que je découvre là quelque chose de très appétissant.
Feydeau nous livre ici une histoire aux contours rocambolesques, aux péripéties ô combien improbables, mais dont la tournure se révèle aguichante, par sa souplesse, sa belle dynamique et cette ingéniosité que les dialogues élégants et malins relèvent encore davantage au rang des plus purs divertissements. Joie. Ce spectacle inspire une liesse jubilatoire. Ça va à 200 à l'heure. L’enchaînement des situations est impeccable, risqué mais finalement d'une fluidité remarquable. Et que dire de la manière dont les dialogues soudent parfaitement et l'action et l'idée.
Véritable peut chef d'oeuvre d'écriture, dans le rythme, cette comédie est servie ici par des comédiens de premier plan. Le carré magique de tête (Jean Poiret, Pierre Mondy, Marthe Mercadier, Jean-Pierre Darras) finit de donner au spectacle l'illusion du réel. Ils sont juste parfaits.
Jean Poiret n'est pas un acteur que je qualifierais de "naturel". Il a une diction, une risette dans l’œil, un emportement extravagant du clown qui, loin de foutre en l'air ses compositions, les épicent, le rendent séduisant et irrésistiblement drôle. J'adore ce comédien. C'est tout un monde qu'il charrie avec lui : l'absurde, un humour pince sans rire, un certain dandysme et un amour de la comédie dont il ne se dépare jamais, même sur des rôles plus graves. Ici, il joue Pinglet avec une véhémence que j'ai trouvée sinon naturelle donc au moins toujours drolatique et fort appropriée.
L'autre acteur pour qui mon admiration est sans borne est Pierre Mondy. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de cet immense acteur et je continuerai encore ici. En voilà un pour qui le terme de "naturel" va à ravir. Lui aussi peut hausser le ton comme il lui plait, sans dépasser les limites du raisonnable. Au contraire, toujours juste, son jeu reste précis, sûr, un vrai régal pour le spectateur exigent. Un très très grand monsieur. Et dans cette pièce, il est un Paillardin très sobre. Son jeu est on ne peut plus propre. Difficile de faire mieux.
Marthe Mercadier est une comédienne de boulevard avant tout. Sa filmographie ne brille pas spécialement, mais au théâtre populaire, elle fait partie de ces grandes dames qui ont tenu le haut du pavé à l'instar de Jacqueline Maillan ou Maria Pacôme dans les années 80. Elle joue ici Angélique, la femme de Pinglet, avec autant de pêche qu'on peut attendre de cette comédienne 10.000 volts. Son rôle n'est pas aussi dense que ceux des hommes, mais elle marque sa présence avec facilité.
Le dernier à véritablement m'impressionner est un acteur dont j'ai déjà salué sur ce blog la bonhomie, mais également la qualité de jeu. Jean-Pierre Darras est d'autant plus épatant ici qu'il a un rôle physiquement difficile à tenir, celui de Mathieu, le parasite venant de Valenciennes, et qui emmerde tout le monde. Bègue par temps de pluie (Georges... qu'est-ce qu'il te passe par la tête?!), l'avocat n'est pas un personnage facile à incarner. Risque de fausse note. Or, Jean-Pierre Darras reste bien dans les clous : diction parfaite, tempo respecté. Il me sidère. J'avais une affection particulière pour lui, mais là c'est vraiment du point de vue technique, dans son jeu, qu'il m'a paru très fort.
Les autres comédiens sont un moins enthousiasmants, mais corrects. A la limite, Danielle Volle
qui a un rôle très important, celui de Marcelle, l'épouse Paillardin, est un peu décevante, avec des inflexions dans la voix qui trahissent parfois un manque de sûreté dans le jeu. Dommage. Les autres petits rôles sont parfois intéressants et ne jurent pas trop. Dans l'ensemble voir cette distribution à l'ouvrage m'a procuré un plaisir délicieux.
Je vais être plus attentif dorénavant aux propositions de Georges Feydeau. Qui sait, j'aurais peut-être matière à comparer et de quoi dire des trucs précis sur son théâtre la prochaine fois?
Trombi:
Annick Blancheteau:
Jean-Paul Farré:
François Lalande:
Jacques Debary:
Jean-Pol Dubois:
Jean-Louis Jacopin?
Bernard Lanneau:
Huguette Funfrock:
Eva Ionesco, Nathalie Schmidt , Sophie Edelman? et Nathalie Rheims:
Sophie Edelman:
l'avantage une pièce de théatre filmée à la façon d'une série ? c'est que les acteurs n'ont pas besoin de déclamer leur texte et que les décors sont plus faciles à mettre en scène ...
RépondreSupprimerOui mais je songeais surtout à la mise en scène dans son sens cinématographique. Quitte à filmer une pièce, avec son décors, et sa mise en scène théâtrale, autant la filmer avec cette mise en place, la construction de son récit par rapport à la scène de théâtre et les réactions du public, la relation acteurs-public. Là, on a des décors de théâtre et une mise en scène statiques, une caméra trop statique et l'absence de construction du récit par la caméra et le montage me parait trop évidente. Fort heureusement, les comédiens sont particulièrement justes et font la dynamique du récit. La réalisation est totalement tributaire du jeu des comédiens. La caméra ne fait que les accompagner la plupart du temps et n'invente rien de particulier.
SupprimerLe fait que les acteurs déclament dans une pièce de théâtre captée ne me gêne pas. Le théâtre, spectacle vivant, donne parfois, si le réalisateur sait jouer de cette mise en place singulière (décors, acteurs, communication avec le public), des documents très agréables à suivre.
Ici, ce sont les comédiens et le texte qui font mon plaisir, pas vraiment la mise en image.