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mercredi 18 juin 2014

Topaze



1994

Auteur:Marcel Pagnol
Mise en scène: Francis Perrin
Comédiens: Francis Perrin - Jean-Pierre Darras - Axelle Abbadie

Notice Imdb
Boutique INA

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D'aussi loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours eu avec cette pièce une étrange attirance. Je ne l'explique pas. Elle est plutôt mal fichue, répétitive, un peu grasse et surtout d'un cynisme redoutablement dépressif.

Pourtant, je l'aime bien, elle me fait sourire, d'abord par la naïveté émouvante de Topaze, l'excès gourmand de Marcel Pagnol à décrire une sordide humanité dans laquelle il place sa marionnette attifée d'une morale que le dramaturge provençal a souvent subi à l'école. Revanche de l'enfant turbulent? Ou constat plein d'amertume de l'adulte revenu des balivernes qu'on a essayé de lui inculquer à coups de sermons dans sa jeunesse? Peut-être un peu des deux.

En Topaze, il y a aussi la revanche du sans-grade, trop longtemps humilié par les salops, les abuseurs en tout genre. Que ce soit au cinéma ou comme ici au théâtre, cette fable non pas amorale mais bel et bien anti-morale, est encore une fois d'une acidité ultra violente à l'égard de la société civile, ses politiciens, sa presse, ses hommes d'affaires, ses honneurs de pacotille, ses "amours" fabriquées, ses postiches, ses faux semblants, tout cela à la mesure de la grosseur des liasses de billets dont on peut disposer. Il y a là une vision plus que désabusée, sans doute écœurée par l'expérience personnelle de Marcel Pagnol, un regard outré aussi, une colère mal contrôlée, proche d'une certaine démagogie d'ailleurs. Je ne connais pas assez Pagnol pour oser dire si cet état d'esprit est réellement douteux.

En tant que spectateur, je peux dire que je trouve la pièce un peu trop déséquilibrée, non dans sa structure, mais sur l'évolution du personnage principal. Sur sa structure en trois actes, c'est parfaitement logique, légitime.

DEBUT SPOILER: 
Le 1er acte à la "Maison Muche", Topaze est mangé tout cru par les gamins, le directeur, les parents d'élèves et la fille Muche. Le vieux garçon est encore un enfant, un prêtre de la morale républicaine, rigoriste qui croit encore au père noël de la IIIe. Dans le 2e acte, il est en apprentissage, comme prête-nom, et subit la malhonnêteté de son nouveau patron, de celle dont il est amoureux, des malversations qu'il est obligé de couvrir. La loi du milieu d'affaires est aussi dura lex que celle des honnêtes gens. Le 3e acte est plus court, il montre un Topaze complètement différent, un Topaze qui tué l'ancien Topaze. Or, il a fallu au spectateur deux actes avec un Topaze ahuri et dominé pour enfin échapper à la mièvrerie du personnage dans le dernier acte. C'est ce déséquilibre qui me chiffonne. Il est logique, mais un peu pénible. Disons aussi que le 1er et 2e acte gagneraient à être un peu élagués. On a tôt fait de comprendre le personnage, ses souffrances, cette absence de conscience du monde réel qui l'entoure, puis de sa désillusion. 
FIN SPOILER.

Du coup, souvent au cours de la pièce, j'ai espéré que l'intrigue s'accélère. En vain. Les personnages prennent leur temps à aller vers ce que l'on devine très tôt. Peu de surprise au final.

A titre personnel, la plus agréable surprise vient de la prestation de Francis Perrin
que j'ai trouvée très bonne. Le rôle lui va comme un gant. Il tient très bien son personnage, sans jamais en faire trop. Il reste vraiment dans les rails et conduit très bien la pièce. A ses côtés, j'ai plaisir à retrouver le formidable JJean-Pierre Darras
ainsi que la mystérieuse Axelle Abbadie. J'ai déjà dit le bien que je pensais d'elle dans la récente chronique sur "Oui patron".

Bref la distribution est très bonne. La mise en scène n'a rien d'extraordinaire, mais elle n'a pas non plus grand chose à se reprocher. Je reste persuadé que le texte lui impose ces longueurs. Si bien que malgré tout, j'ai encore eu du plaisir à suivre ce spectacle. Parce qu'il est aussi amer qu'acide.

Trombi:
Christian De Smet:

Gaston Vacchia:

Teddy Bilis:

Lilia Cohen:

Sandrine L'Ara:

Isabelle Spade:

Sophie Avon:

Jean-Pierre Bazziconi (attention erreur sur imdb, manque un c):

5 commentaires:

  1. J'ai adoré cette pièce, elle m'a appris à enfin apprécier Francis Perrin.

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Tout petit je regardais ses films à la télé sans nourrir ni ressentiment ni admiration. Dans le passé il est vrai que j'ai pu éprouver une certaine lassitude devant un jeu volontiers cabotin, exagérant son bégaiement comme une marque de fabrique à mettre en valeur pour en exorciser le complexe. Comme dans On a volé la cuisse de Jupiter. Avec le temps, j'ai au contraire modulé cela. Par nostalgie peut-être bien. Mais je crois surtout que comme vous avec Topaze, c'est de le revoir dans des films où ses rôles étaient plus complexes et riches, comme dans Le Roi des cons ou C'est dur pour tout le monde. On y voit une sensibilité, de la souffrance, des angoisses, bref, il y fait montre de l'étendue de ses talents bien plus vaste que le simple zozotement et bégaiement du vendeur de montre ci-ci-citizen!

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