Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
Pages
▼
mercredi 30 octobre 2013
Monika
1953
Titre original : Sommaren med Monika
Alias: Monika
Alias: Summer with Monika
Cinéaste:Ingmar Bergman
Comédiens:Harriet Andersson - Lars Ekborg
Notice SC
Notice Imdb
Vu en blu-ray
La veille de voir ce film j'ai regardé « Les contes de la lune vague après la pluie ». Un pur hasard amusant tant les deux films semblent proches, si proche de se répondre. Les deux films sont des contes moraux et les deux cinéastes se plaisent à faire parler la nature, à bien poser leur histoire sur le miroir du monde.
Si dans le Mizoguchi, les femmes sont une nouvelle fois victimes des hommes, chez Bergman, c'est l'inverse, un homme se laisse prendre dans les filets d'une amante pas religieuse, le temps d'un été, que rien ne pourrait effacer. Ce dernier point est un peu forcé pour être tout à fait honnête, car l'homme fait aussi preuve d'une certaine faiblesse qui explique sa position finale de victime. Quant à Monika, elle a peut-être aussi des raisons d'être aussi futile et puérile. Disons qu'il est facile d'avoir pitié par moment. Elle est beaucoup trop fragile et se laisse aisément aller. Une part autodestructrice qui peut soit lassée, soit émouvoir.
Mais au-delà de cette chute du couple, c'est toute la progression de l'histoire et la façon dont Bergman la conduit qui procure aux spectateurs un réel plaisir de cinéma. Je tempère aussitôt cette dernière expression : j'ai pris du plaisir, mais je n'ai pas adoré le film, alors qu'il m'arrive souvent de tomber amoureux des films de Bergman, notamment pour la richesse des relations entre les personnages, la complexité des caractères qu'il dessine ; outre la mise en scène, la mise en image et l'écriture incroyablement ciselées du maître suédois. Or, ici les personnages paraissent un peu trop simples.
La transition entre la première partie et la seconde est cohérente. Bien menée sur le plan du montage, de la construction narrative, le tempo y est maîtrisé. On suit la lente déchéance des liens amoureux, très lisible. Dans cette période pourtant, les personnages m'ont paru un peu moins esquissé. Est-ce le jeu des comédiens ou une question de direction de jeu ? Plus probablement est-ce juste un ressenti personnel dû à quelques raisons obscures et difficiles à concevoir avec netteté ?
Quoi qu'il en soit, je trouve ce couple moins fascinant qu'à l'accoutumée. Avec Bergman j'ai souvent l'impression d'apprendre quelque chose, de la vie, de l'humanité, de l'amour. À la fin de ce film, je n'ai pas eu ce sentiment.
Par contre, sur le plan visuel, j'en ai plein les mirettes! Excusez du peu : le Blu-ray Criterion déchire sa mémé, une merveille technique, un ravissement quasi continu ! Encore une fois, je suis subjugué par cette merveilleuse invention. Et dire qu'il y en a qui ose chouiner sur ce format !
Si je suis sur la retenue par rapport aux personnages, cela peut être aussi expliqué par la jeunesse des deux comédiens Harriet Andersson et Lars Ekborg.
En tout cas, je n'ai pas été pleinement conquis par l'actrice principale. La dernière fois que je l'ai vue, c'était dans « A travers le miroir » où elle était très impressionnante, mais plus âgée et expérimentée. Ici elle joue très bien la garce. Son regard hautain, pas franchement face caméra, est d'une insolence incroyable : un des plans les plus marquants qui dit toute la violence du personnage à l'égard de notre propre jugement. « Oui, je suis une salope, je fais du mal à Harry mais sachez bien, braves gens, que je vous emmerde ! » Il n'en demeure pas moins que certains signes laissent à penser qu'elle sait son infortune, qu'elle en souffre.
Bergman ne s'appesantit pas là-dessus, mais bien plutôt sur ce que Harry (Lars Ekborg) subit. C'est aussi intéressant car il n'en fait pas de personnage amer au-delà du possible. Ce qui est très beau, ce sont ses souvenirs surtout érotiques mais également de paysages, de sérénité qui vont rester malgré tout ce qui s'est passé depuis. Cet ultime retour sur le passé et la conclusion logique et naturelle : on ne veut se rappeler que des bons moments. Avec le temps, avec le temps va, mais tout ne s'en va pas. Une poitrine offerte au soleil d'été, le reflet d'un nuage dans une flaque de mer, le bruit des vagues sur les rochers, c'était un été avec Monika.
Jambon Jambon
1993
Titre original: Jamón, jamón
Titre francophone : Jambon jambon
Cinéaste:Bigas Luna
Comédiens:Stefania Sandrelli - Anna Galiena - Penélope Cruz - Javier Bardem
Notice SC
Notice Imdb
Vu en dvd
https://amzn.to/3DxPg51
Comédie tragique très particulière pour ces revendications identitaires et son caractère provocateur. Je ne l'avais pas vu depuis bien longtemps et j'ai été frappé par son ancrage dans l'esthétique des années 80 qui marquaient encore cette Espagne roots.
Dans le Nord désertique aragonais, les personnages sont posés au milieu de nulle part, sur une scène de théâtre antique comme le souligne maladroitement le dernier plan du film. On convoque ainsi un passé méditerranéen. Il faut dire combien ce film insiste sur ses attitudes, ses comportements culturels avec tous ses oripeaux sexuels qui font l'image des pays méditerranéens et de l'Espagne en particulier. Tout y passe, de l'éventail au taureau, de l'huile d'olive à l'ail : que ce soit dans le décor ou dans l'estomac l'Espagne, telle que Bigas Luna veut la dépeindre, s'affiche avec force.
Je ne sais pas ce que cherche le cinéaste. Veut-il ainsi rendre hommage à l'ambiguïté des liens sociaux, qui forge une culture à la fois machiste et matriarcale ? Parce que les femmes apparaissent comme les véritables maîtresses de la société. Alors que les hommes passent leur temps à jouer comme des enfants : ils titillent leur muleta, se tripatouillent le vermicelle et ne cherchent qu'à téter du nichon. Ou bien Bigas Luna entend-il démonter les clichés nationalistes de cette Espagne en montrant justement leurs limites et surtout leur finalité morbide ?
Dans tous les cas, on est amené à s'interroger, à rire parfois de la grossièreté du film, à s'ennuyer d'autres fois du symbolisme lourdingue que la mise en scène pas toujours finaude de Bigas Luna vient souligner.
Sur les trois premiers quarts du film, j'ai bien aimé en effet suivre cette histoire. Certes, elle est un peu cousue de fil blanc. Ou noir en l'occurrence, oui, il y a là du film noir. Les archétypes du genre sont nettement visibles. Pas de doute : le cinéaste sur certains plans montre une fascination pour un style américain en général, mais la tournure des événements peu à peu prend le chemin du destin fatal, c'est évident.
Ce qui permet de prendre plaisir devant ce canevas somme toute attendu, c'est la distance que la mise en scène parvient à prendre grâce à un humour provocateur, très gras. Bigas Luna pousse certaines scènes jusqu'à une outrance presque absurde. La scène du perroquet « waka » en est l'illustration parfaite. Anna Galiena, après avoir entamé une sorte de lap-dance sur la queue de son futur beau-fils, improvise une autre parade érotique en imitant à bouche déployée son perroquet. On atteint là un sommet de vulgarité, mais que je crois revendiquer, pleinement assumé, comme partie intégrante de ce tout que Bigas Luna veut raconter. Après, encore une fois, je ne sais pas s'il le dénonce ou s'il en fait l'éloge.
Durant la plus grande partie du film, on suit donc l'histoire d'amour entre Raul (Javier Bardem) et Sylvia (Penélope Cruz). Elle se développe avec autour d'eux des anges noirs destructeurs joués par Jordi Mollà et Stefania Sandrelli.
C'est agréable, je pense, surtout parce que tout le monde semble ne pas prendre tout cela bien au sérieux. C'est plein de fantaisie et de sourires entendus. Au contraire, le dernier quart d'heure se veut beaucoup plus sérieux ne semble-t-il. Les événements se déroulent avec plus de solennité : on entre alors dans la tragédie familiale, avec tout ce que cela suggère de poses, de cris, de gesticulations et de larmes. Le dernier plan rappelant tous les éléments symboliques et tous les personnages centraux est on ne peut plus éloquent. Et donc emmerdant à suivre. J'avais hâte qu'ils en finissent de leurs simagrées.
Trombi:
Javier Bardem:
Stefania Sandrelli:
Anna Galiena:
Penélope Cruz:
Juan Diego:
Jordi Mollà:
Les stagiaires
2013
Titre original : The internships
Titre francophone : Les stagiaires
Cinéaste:Shawn Levy
Comédiens:Vince Vaughn - Owen Wilson - Rose Byrne
Notice SC
Notice Imdb
Vu en dvd
Petite comédie promotionnelle sans douleur et qui ne fera sans doute pas date parce que jamais vraiment percutante, ni originale.
Ce n'est pas désagréable car le couple Owen Wilson et Vince Vaughn est à l'unisson. Ils offrent donc une belle performance dans le rythme, sur les dialogues. Quand Will Ferrell entre dans leur danse, on retrouve tout le dynamisme grossier et l'outrecuidance joyeuse et vulgaire de la « nouvelle comédie américaine ».
Malheureusement, ces provocations n'ont qu'un temps et derrière, il n'y a guère qu'une grande page de publicité pour Google, et rien d'autre.
Le rêve américain est-il mort ? Au départ, c'est un peu le portrait de cette Amérique moribonde qui nous est fait : chômage, système démerde, remise en question. Or, Google vient représenter le renouveau du rêve américain avec son multiculturalisme de façade, où tout le monde se fond dans la masse en obéissant aux règles de la communauté américaine. C'est là une des limites du film, d'être aussi peu (voire pas du tout) critique à l'égard de ce que peut représenter de factice l'innovation chez Google.
Sinon, cet autre « Monster academy » se suit sans dommage. Ordinaire, la mise en scène livre une histoire sans surprise, que la distribution fort correcte joue également sans révéler qui que ce soit en particulier.
Un film moyen donc, qui n'égratigne personne et invite parfois à sourire grâce au débit et la saveur absurde de quelques dialogues bien exécutés par deux comédiens se connaissant parfaitement.
Trombi:
Owen Wilson:
Vince Vaughn:
Rose Byrne:
Aasif Mandvi:
Max Minghella:
Josh Brener:
Dylan O'Brien:
Tiya Sircar:
Tobit Raphael:
Josh Gad:
Jessica Szohr:
Rob Riggle:
Will Ferrell:
John Goodman:
Jarion Monroe:
Gary Anthony Williams:
Bruno Amato:
JoAnna Garcia Swisher:
Jill Jane Clements:
Karen Ceesay et B.J. Novak:
Ashlee Heath:
Brian F. Durkin:
Chasty Ballesteros:
Heather Rae Young:
Molly Brady: