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mardi 2 juillet 2013

Le passé



2013

Alias: Le passé

Cinéaste: Asghar Farhadi
Comédiens: Bérénice Bejo- Tahar Rahim - Ali Mosaffa

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle



Maintenant que je suis devenu accro à Asghar Farhadi, j'attendais ce film "français" avec autant de hâte que d'appréhension. Est-ce qu'il allait maintenir cette tension dont il a su se rendre le maitre incontestable? Est-ce qu'il garderait cette maitrise du récit dans une langue qui n'est pas la sienne? Est-ce qu'il parviendrait à diriger aussi efficacement des acteurs étrangers?

Pour ce qui concerne la tension, je suis resté scotché à mon siège, comme d'habitude, tendu comme un string. Il continue à proposer un film dans lequel l'histoire vous prend aux tripes. Certes, on n'est plus dans le contexte social et politique oppressant de l'Iran actuel, mais comme dans "La fête du feu" Asghar Farhadi ausculte les relations de couple et en tire un suspense assez vite prenant.

Les mystères qui entourent tous les personnages (peut-être trop sur la fin?) laissent planer des sentiments inquiétants, où une certaine violence sous-tend les liens entre eux, violence qui finit par exploser par moments. C'est aussi un trait qu'il avait déjà dessiné dans A propos d'Elly, cette lente altération de l'image sociale qu'on se construit pour paraitre civilisé et qui se craquelle lorsque des drames viennent tout bouleverser dans le quotidien. Le piège dans lequel s'enferrent les personnages est aussi tortueux qu'à l'habitude.

Ce qui m'a le plus conquis c'est comment finalement toute cette histoire propose un regard sans jugement moral sur les relations entre les personnages. Personne n'est montré d'un doigt désapprobateur et la complexité difficile à gérer de ces liens affectifs, distendus mais pas rompus, montre naturellement comment tout s'imbrique parfois avec difficulté, notamment quand les gens communiquent mal. Ce n'est pas là grande découverte, mais le film raconte ça avec à la fois beaucoup de maitrise et d'efficacité.

Toutefois, peut-être pourrait-on arguer que les derniers développements, les ultimes rebondissements étirent-ils le film de façon un poil démesurée? On aurait pu indéniablement se passer du dernier quart d'heure à l’hôpital par exemple.

L'usage de la langue française ne semble pas avoir été un obstacle. Étonnant. Farhadi a travaillé avec Massoumeh Lahidji et les comédiens sur les dialogues, ce qui rend le scénario tout à fait acceptable sur le plan linguistique. Étonnant et heureux.

Sur le plan de la direction des acteurs, je suis un peu plus partagé. C'est sans doute là que se trouve ma part de réserve. Je l'aime bien ce film. Plus le temps passe et plus je l'apprécie, mais je n'ai pas eu le coup de foudre que j'ai pu ressentir sur ses films iraniens et je subodore que c'est bien du côté des comédiens que ça ne produit pas un plaisir de grande intensité. Mais j'imagine que ce ne doit pas être évident d'être dirigé par un non-francophone. J'ai l'impression que le lien entre le cinéaste et sa troupe n'est pas aussi étroit qu'il avait pu l'être sur les films précédents.

Il n'y a guère que Tahar Rahim qui troue le popotin. Il a quelques scènes pas piquées des hannetons, tout en retenue, "cocotte-minute style" mais qui n'explose pas. Il doit absolument intérioriser des émotions plutôt fortes. Il réussit haut la main et m'a véritablement remué, communiquant son malaise avec une facilité déconcertante.
Ali Mosaffa joue dans une langue étrangère, mais a un rôle plus simple, sans les pires émotions à gérer comme ses camarades en plein tourment.

Bérénice Bejo se coltine un rôle pas évident, jouant les montagnes russes, entre mutisme contrôlé et explosions hystériques. Elle ne m'a pas spécialement touché, ce qui m'enquiquine sur les bords. J'ai un peu de mal à comprendre sa palme. Passons (toujours la même histoire avec les palmarès).
Les enfants sont corrects. On a connu pire.

M'enfin, on est loin des épatantes distributions des films précédents. Mais peut-on exiger de Farhadi qu'il nous fasse des strikes à chaque film? A-t-on légitimement le droit de taper sur ses films sous prétexte qu'ils ne sont pas aussi bons que leurs devanciers?

Un bon Farhadi qui fait espérer, à une bonne adaptation à la France, à ses comédiens, et qui fait entrevoir de futures bonnes inspirations. Asghar Farhadi est d'ores et déjà un cinéaste majeur. J'espère juste qu'il ne va pas se perdre hors d'Iran.

Mini trombi:
Pauline Burlet:


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