Pages

samedi 4 mai 2013

Le festin nu


1991

Titre original : The naked lunch
Titre francophone: Le festin nu

Cinéaste: David Cronenberg
Comédiens: Peter Weller - Judy Davis - Ian Holm - Roy Scheider

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd




La dernière fois que j'ai vu ce film remonte à loin, à un temps où ma fainéantise me faisait croire que la punch line d'une critique avait du bon. J'avais aimé cette histoire alambiquée, tordue, aussi fondue que le cinéma de David Cronenberg. Je l'avais vu en VOST, or cette revoyure se fait sur un dvd allemand, sans sous-titre. Pour la plupart des films une seule audio anglais est largement suffisante, mais ici, j'avoue que sur un film aussi déjanté des sous-titres anglais auraient été les bienvenus. D'autant plus qu'il faut se coltiner la voix très sourde de Peter Weller,
marmonneur professionnel, champion olympique 92 de la diction catégorie ultra-son. N'empêche, le dvd "Arthaus" s'il n'est pas d'un niveau Criterion restitue pourtant avec netteté l'explosion de couleur et de textures que nous ont réservé David Cronenberg, Peter Suschitzky (directeur de la photographie) ainsi que Elinor Rose Galbraith et James McAteer sur les décors.

Le film est très riche, dans une proposition chromatique éclatée entre couleurs primaires et couleurs plus sombres, le tout tendant vers l'organique cher à Cronenberg. Ce dernier terme "organique" est particulièrement bien évident. Je vais aller vite sur l'aspect viandard, viscéral, plein de fluides et libidinal du cinéma de David Cronenberg. Cette obsession du corps en fonctionnement, de la pénétration, de l'ouverture de l'invisible, de la sécrétion est une antienne toujours plus ou moins présente dans ses films, bien qu'il semble s'en éloigner sur ses dernières années. Ce festin est bel et bien nu. La gourmandise de Cronenberg à filmer l'activité corporelle en s'imaginant que la nature de la réalité, consciente ou non, est en prise directe, par essence, avec cette activité, rend le récit souriant, presque comique par moments.

L'humour provocateur du cinéaste se trouve associé, dans une étrange harmonie, au traumatismes et réflexions de William Burroughs. Je n'ai pas lu le roman initial, mais je sais qu'il a comme le personnage principal tué accidentellement sa femme. On imagine sans peine comme le roman a pu représenter un canevas prodigieux pour Cronenberg. Il s'y engouffre avec un enthousiasme qu'il transmet au spectateur. Le festin nu est en effet un repas gargantuesque de métaphores sur la culpabilité, l'homosexualité, sur l'addiction, sur le travail d'écriture, sur la multiplicité de la réalité, sur la fiction, sur la vérité et les fraudes. Extrêmement riche, le scénario offre de nombreuses pistes qui peuvent en déboussoler plus d'un. Mieux vaut être de bonne humeur, dans un état d'esprit ouvert à l'image poétique dans toutes ses acceptions (l'horreur et le glauque ne sont pas toujours sans charme, question de point de vue), mais je suppose que beaucoup seront un peu rebutés par cette bidoche sémino-sanguinolante.

Outre la très belle image que l'on doit en grande partie au quatuor d'artistes cités plus haut, le film présente l'avantage d'avoir une très belle distribution. Mais deux comédiens m'ont beaucoup plus tapé dans l’œil que leurs confrères.

D'abord Ian Holm,
dans un rôle finalement pas exceptionnellement difficile, me parait plus qu'irréprochable et arrive à instiller quelque chose de très inquiétant avec finesse et simplicité dans son jeu. Le second est sans contestation Roy Scheider
qui s'amuse comme un petit galopin avec ce personnage à double détente. On le sent très joyeux, plein de jeunesse et de sourires. Réjouissant.
Peter Weller est très sobre.
Trop? Je ne suis pas transcendé par la performance de Judy Davis, m'enfin, son rôle est loin d'être évident.

Voilà donc un film pluriel, rigolo à force d'être culotté, allant jusqu'au bout de ses logiques parallèles, et qui parait tricoter des chemins détournés pour raconter l'humain dans sa complexité méta et intra-physique, en utilisant le grotesque dans le bon sens du terme, quand la caricature, attirant à elle la puissance du trait, frappe plus fort et avec profondeur les esprits. Jubilatoire, introspectif, grave et drôle à la fois, le film propose pourtant un ensemble très causant, très expressif et finalement attachant. Oui, j'aime bien cette recherche chez Cronenberg : il en devient sympathique à fouiller dans les corps pour trouver des réponses à toutes ses questions.

Trombi:
Julian Sands:

Monique Mercure:

Nicholas Campbell:
Michael Zelniker:
Robert A. Silverman:
Joseph Scoren:
Yuval Daniel:
Sean McCann:
Howard Jerome:

Michael Caruana:
John Friesen:

 Peter Boretski:

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire