Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
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samedi 30 mars 2013
L'égyptien
1954
Titre original : The egyptian Alias: L'Egyptien
Cinéaste: Michael Curtiz
Comédiens: Jean Simmons - Victor Mature - Gene Tierney - Peter Ustinov
Notice SC
Notice Imdb
Vu en dvd
Grosse déception! Dieu sait que j'aime mon Curtiz, mais là, foutre que c'est lent et emmerdant! Essayons d'être le plus clair et commençons par le commencement.
D'abord, on assiste à la présentation classique d'un péplum. On a l'impression de revoir "Les dix commandements", le héros ayant un destin qu'on songe calqué sur celui de Moïse (avec le berceau en rosier sur le Nil, l'enfance modeste et la grimpette sociale suivante). Le film est assez long (autour de 2h15) et ce développement initial est laborieux.
Il faut quand même se taper les fanfaronnades de Victor Mature!
Et puis cet Edmund Purdom est d'un lénifiant! Un ersatz de Rock Hudson qui aurait oublié de boire, un imberbe du jeu, de ces médiocres comédiens qui vous chatouillent la zappette du côté du fast forward.
Quand le générique annonce Gene Tierney, Jean Simmons et Peter Ustinov, on s'attend à les siroter, à en profiter au maximum, or ils n'apparaissent qu'avec une cruelle parcimonie, dans des seconds rôles anecdotiques si tenus qu'ils semblent presque transparents. Leur temps de jeu est minime, quant aux cadrages, ils sont rarement proches. C'est incompréhensible de la part de Michael Curtiz : pourquoi se priver de la beauté de ces deux admirables créatures que sont la Tierney et la Simmons, et même des mimiques, des clins d’œil d'un acteur aussi juteux que l'Ustinov? Ça n'a pas de sens! Quel gâchis, pas un gros plan!
Jean Simmons, délicate et belle, joue le rôle d'une fanatique (on apprend à la fin qu'il s'agit d'une parabole sur le christianisme ou plus largement sur la vérité du monothéisme, mais j'y reviens plus loin). Elle est presque lumineuse. Elle joue si bien cette subtilité qu'on espère qu'elle reste à l'écran pour nous donner une bonne raison de regarder ce film, mais le scénario revient à sa logorrhée biographico-mystique, d'un si violent ennui.
Gene Tierney c'est bien simple, c'est la vipère. Son personnage est donc inintéressant au possible, un cliché massif. De plus, cette femme, l'une des plus incroyables inventions de dame nature que la pellicule ait pu porter est si maquillée qu'on peine à la deviner sous ses apparats. Terrible frustration garantie!
Peter Ustinov se voit affublé d'un personnage à l'exposition tout aussi merdique. On sent bien qu'il s'emmerde grave avec ce personnage falot et insipide. Comme nous.
Il y a le cas Bella Darvi, toute pâle, sans saveur, alors qu'elle est censée jouer les épices sur belles gambettes. Même Bernard Borderie a su la rendre plus sexy! La honte pour Curtiz quand même! Il y a un personnage sensuel de tout son film et... rien... pas une mise en forme élaborée sur ce chapitre!
Peut-être qu'il faut aller chercher une explication dans la lourdeur du scénario de Philip Dunne et de Casey Robinson tiré d'un roman de Mika Waltari, romancier finlandais, éduqué strictement dans la religion protestante et allant jusqu'à faire des études de théologie. Le scénario est un fatras assez confus qui entend démontrer dans la mystique d'Aton sous l’Égypte ancienne le substrat philosophique et religieux du monothéisme, une sorte de communauté d'espérance, de grandeur, signe du divin en chaque être, comme une inspiration à travers les âges. Même 3000 ans avant JC, le dieu unique accorde sa miséricorde à celui qui tend la joue. Il se cachait donc sous le masque d'Aton, attendant sagement son heure. Je schématise mais le discours religieux plein d'ampoules que ce scénario nous réserve m'a très vite pété les cacahuètes.
D'autant plus que le chef-opérateur Leon Shamroy (pas du tout la dernière des truffes pourtant) préfigure Russell Metty sans maitriser les couleurs et essaie de mélodramatiser son image. On a donc un film très riche en crachats chromatiques assez laids.
Ajoutez à cela une narration très lente, d'une solennité très empesée qui frise le ridicule. Cela anesthésie du même coup tous les enjeux comme les acteurs.
Ennui ferme et définitif pour ma part. J'aurai du mal à récidiver et retenter ce film un jour...
Trombi:
Anitra Stevens et Michael Wilding:
John Carradine:
Judith Evelyn:
Henry Daniell:
Tout à fait d'accord. Moi aussi j'adore Michael Curtiz. Mais là, j'ai du mal à comprendre qu'il ait pu faire une telle daube.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas ce que tu entends par "fanatique" pour Jean Simmons. Elle est surtout rendue idiote par son amour (incompréhensible) pour le transparent Edmund Purdom.
Si mes souvenirs sont bons (déjà trois ans que je l'ai vu et ma mémoire de poulpe me joue souvent des tours), il me semble qu'elle est bien mordue par la religion d'Aton et prête à se sacrifier lors d'un massacre, non?
SupprimerAlors est-ce que ce renoncement à la vie est dû à son amour immodéré pour Edmund Purdom? Je ne m'en souviens plus assez pour répondre.
L'absence de gros plans pourrait s'expliquer par l'utilisation de la première mouture du cinemascope en 1953-1954, qui était conçu avant tout pour les plans d'ensemble. La technique s'est pas la suite raffinée.
RépondreSupprimerJe ne connais pas l'histoire du film mais en effet, c'est possible. Je me demande alors quelle est la part de responsabilité de Curtiz dans tout ça. Ou est-ce une volonté des producteurs, du studio, d'utiliser ces plans larges pour en quelque sorte en avoir pour leur argent? J'ai un doute sur la responsabilité de Curtiz qui est un cinéaste que j'ai en grande estime, surtout son sens esthétique, son habilité à raconter une histoire avec des images. Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu cette sensation d'éloignement avec ses précédents films, même si je ne me rappelle pas qu'il y ait eu des gros plans à la Léone non plus... Faudrait que je revois des films de Curtiz, ça fait trop longtemps.
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