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vendredi 1 octobre 2010

Planète interdite



1956

Titre original : Forbidden planet
Titre francophone : Planète interdite

Cinéaste: Fred M. Wilcox
Comédiens: Walter Pidgeon - Anne Francis - Leslie Nielsen - Robby the Robot

Notice Imdb

Vu en dvd



J'ai envie de dire "petit" bijou du cinéma des années 50 mais ce "petit" aussi affectif soit-il me reste en travers du clavier car Wilcox ne se contente pas de signer un petit film de SF qui a marqué le genre mais bien un grand film, un grand bijou d'une très étonnante efficacité sur le plan du suspense, envoûtant de par ses atours kitschissimes très colorés, ses décors et sa bande son que beaucoup ont plagié par la suite tant ils embarquent les spectateurs pour un périple plein de charme et de mystère.

"Planète interdite" est un incontournable du genre, un film historique mais les thématiques qu'il aborde plus ou moins de front dépassent avec certitude la petite production qu'il croyait être à l'origine. Ce petit bijou donc, est plus grand qu'il n'en a l'air. De très nombreux films vont essayer avec bien moins de succès de surfer sur la vague que "Planète interdite" a soulevé.

Rares sont les films qui sont capables d'emprisonner le spectateur dans une sorte de bulle, de les embarquer dans un voyage en huis clos.

Je m'explique. En effet, ce vaisseau spatial terrien qui se pose sur Altaïr est en quelque sorte prisonnier du petit domaine sur lequel Walter Pidgeon

règne sans partage. Le film nous présente cet univers étrange où les terriens apparaissent comme des intrus. Le monstre vient picorer un ou deux humains, la nuit tombée, pour l'apéro.

Du début à la fin on assiste à cette aventure en ne comprenant pas d'où vient ce monstre. Aussi innocent et angoissé que les membres de l'équipage, on partage leur terreur et leurs questionnements. Quand les réponses arrivent, c'est un monde nouveau qui apparaît, à la fois merveilleux et vertigineux,

inaccessible et cauchemardesque, celui des Krells, cette civilisation d'une humiliante avancée technologique et intellectuelle.

Forcément, ce vertige se double d'une véritable réflexion, introspection sur notre civilisation, sur nos propres progrès scientifiques et technologiques. Les questions de l'acquisition du savoir, de son expérimentation et des conséquences du scientisme sur l'humain se posent avec une belle acuité et une pertinence encore vives à l'heure actuelle et qui démontrent la finesse du scénario.

Il est vrai que ces subtilités n'auraient pas eu une seule chance d'être accessibles si la mise en scène avait été ratée. Surtout, si Wilcox n'avait réussi à créer une très belle atmosphère, tout à tour angoissante, intrigante, ou suffocante. Les décors sont parfaitement kitschs.

Le terme est idéal pour l'ensemble du film à condition que l'on s'entende sur le fait qu'il n'y a pas une once de sous-entendu péjoratif dans ce vocable : c'est un kitsch gracieux, charmant, plein de couleurs et de sel. Le film pop-corn par excellence que l'on imagine sans peine visionné dans un drive-in des années 50 entre deux tétées de coca et un échange labial avec la girl-friend. Cette image s'appuie sans doute sur le souvenir inconscient du téléspectateur que je fus quand je découvris le film la première fois à "La dernière séance" sur FR3, un de ces moments qui marquent et façonnent une cinéphilie.

Bonus : le film peut être écouté aussi bien en VO qu'en VF. La version française nous sert des Yves, Bernard et autres André du plus bel effet sur nos zygomatiques. On reconnait avec joie les voix de Jacques Dynam et de Michel Roux entre autres. Je me demande si Marie Dubois prête la sienne à celle d'Altea. A moins que ce soit Marina Vlady? Sais pas. Quoiqu'il en soit, une vf que mes jeunes oreilles ont biberonné et par conséquent, qui m'est encore plus proche.

Je crois que, par dessus tout, ce que j'aime le plus, c'est la bande son. Le travail du couple Bebe et Louis Barron a été pris et repris et rerepris dans de nombreux autres films, tant il fait preuve d'une grande habileté. Cette musique expérimentale, électronique avant la lettre produit un effet irrésistible et propulse le spectateur dans le film, dans un temps futur inconnu et effrayant. Sublime.

Cet ensemble d'éléments range le film dans ma médiathèque d'indispensables.

Trombi:
Anne Francis:

Leslie Nielsen:

Richard Anderson:

Robby the Robot:

Warren Stevens et Jack Kelly:

Earl Holliman:

1 commentaire:

  1. Sommet plastique et jalon incontournable de la SF spatiale 50's, cette production MGM est pourtant au départ une tardive et peu impliquée réaction d'un studio par trop assis sur son confortable derrière mais ne voulant pas laisser passer une mode excitant les confrères (Paramount et les films de George Pal, Warner et ses Harryhauseneries naissantes, Universal et les petites merveilles de Jack Arnold, et la Fox voyant la Terre s'arrêter un jour !). Heureusement, à l'arrivée il est cet étourdissant, cet enchanteur voyage fondateur, aussi naïf que visionnaire (certains plans de la base des Krells n'ont pu qu'influencer certains architectes de l'Etoile Noire !), aussi classique (relecture Shakespearienne de La Tempête, teintée de JulesVernisme et assaisonnée de préoccupations contemporaines (le risque d'une science/pouvoir dans la main de trop peu d'individus)) que novateur (les ambiances sonores d'avant-garde électronique du couple Barron contribuent diablement à cette impression plus encore que les effets spéciaux confiés aux équipes Disneyennes de 20.000 Lieues sous les Mers) et populaire (le film se pose, sans pour autant asseoir un « héros », dans la droite descendance des serials Buck Rogers et Flash Gordon), ce rêve coloré, à l'érotisme diffus (la sexualité baigne doucettement l'affaire mais sans la sensualité patente d'une Etrange Créature du Lac Noir), aux ressources ludiques infinies (l'iconique Robby le Robot !) et au ton douilletement bon enfant (même s'il on a bien un monstre et un scientifique un peu mégalo, Morbius ne saurait avoir l'ambiguïté d'un Nemo non plus) fait mouche encore 60 ans plus tard.

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