Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
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jeudi 23 septembre 2010
Columbo - Meurtre à la carte
1978
Titre original : Columbo - Murder under glass
Titre francophone : Columbo - Meurtre à la carte
Saison 7, épisode 2
Réalisateur: Jonathan Demme
Comédiens: Peter Falk - Louis Jourdan - Shera Danese - Mako
Notice Imdb
Vu en dvd
Oouch, attention les yeux! Chaud devant! Un Columbo exquis, succulent un des tous meilleurs de la série à mon humble avis. Quatre étoiles au guide Alligator, sans l'ombre d'une hésitation.
Certes, l'installation des éléments clés du récit, comme la présentation du personnage interprété par Louis Jourdan, la préparation du meurtre et la mort de la victime, est un peu longue, presque fastidieuse. Cependant, elle donne un très bon aperçu du personnage ainsi que du monde dans lequel Columbo va se mouvoir, comme un poisson dans l'eau, "comme un fugu dans l'eau" devrais-je dire, puisque le meurtrier use de son talent de cuisinier pour en extraire le poison.
Louis Jourdan joue un critique gastronomique, excellent chef lui même et qui a extorqué une grosse somme d'argent à des cuisiniers pour leur faire une renommée internationale. L'un d'eux se rebiffe, le cave, mal lui en prend.
Louis Jourdan incarne un personnage hautain, précieux et cachant mal une colère prête à exploser dans la violence meurtrière. Très antipathique, il manipule son monde avec une certaine maestria. On hésite à parler d'élégance, dans les apparences moui, le terme est concevable, mais sur le plan humain, il n'en est plus question. D'ailleurs, les dernières répliques sont à ce propos claires. Columbo partage l'avis général. Jourdan est découvert, il est arrêté et conclue à l'adresse du lieutenant quelque chose comme : "je vous trouve très habile et je vous respecte énormément mais je ne vous apprécie pas du tout". Ce à quoi Columbo répond par la réciproque.
Les deux hommes nous ont offert un magnifique affrontement où l'on a bien senti l'irritation gagner Jourdan au fur et à mesure que Columbo accédait à la vérité. Ce dernier a difficilement caché le fait qu'il n'avait que peu d'estime pour son adversaire. Au contraire, il s'est totalement senti investi d'une mission que tous les amis cuisiniers du défunt n'ont eu de cesse de lui rappeler, celle d'attraper le coupable.
Louis Jourdan est un acteur très particulier qui n'est pas dénué de talent mais quelque chose cloche chez lui qui m'empêche d'être totalement conquis par ses prestations. Je crains en fait le syndrome Cary Grant. Louis Jourdan aurait voulu être Cary Grant, c'est là son drame : il n'en a pas les facilités. Tous deux homo ou bisexuels honteux, Jourdan n'a jamais réussi à incarner sérieusement ses rôles d'hommes à femme alors que Cary Grant y excellait. Jourdan pouvait peut-être convaincre les anglo-saxons à force de jouer de son accent français mais de ce côté de l'Atlantique, cela ne prend pas. Dans cet épisode encore, il embrasse la jolie Shera Danese
du bout des lèvres. On sent que l'effort est brutal, que les raisons qui font qu'il la repousse ne sont pas liées à l'enquête, ni à l'absence d'entre-gens de la dame, mais bien à l'absence de quéquette au niveau de l'entrejambe de la dame.
Mais reconnaissons lui au moins, et c'est là l'essentiel, le talent d'user de tons bien cassants où condescendance et félonie composent très justement un personnage parfaitement détestable. Le duel avec Falk est de niveau "ligue des champions".
Toutefois l'épisode ne s'en tient pas à cette opposition. La mise en scène de Jonathan Demme est intelligente et très stylée, certainement la plus remarquable de la série jusqu'à maintenant. A ce propos, l'introduction de Columbo dans l'épisode est d'un comique très recommandable, grâce à une entrée en matière parodique. Jourdan est emmené auprès du détective accompagné par une grande musique symphonique et le sergent Burke se penche à l'oreille de Columbo attablé seul en train de manger dans un restaurant italien. Le "parrain" invite alors Jourdan à sa table d'un signe de la main.
Comme l'épisode tourne autour des arts de la table, Demme et Robert Van Scoyk (au scénario) imaginent un très beau cadre au dénouement. Falk et Jourdan bataillent entre deux verres de vins et leurs casseroles. Un dernier souper où Columbo fait preuve d'une grande audace (Jourdan tente de l'empoisonner), de même que d'un grand talent culinaire qui ne laisse pas d'étonner le critique gastronomique. Dernière phrase du téléfilm: "Columbo, vous auriez dû être chef". Mais ne l'est-il pas?
Un chef d'œuvre qui en coûte à la ligne du lieutenant qui passe tout l'épisode à gueuletonner aux frais de ces cuisiniers reconnaissants. Un clin d'œil sympathique à la mythologie Columbo. En effet, souvent le policier arrive sur les lieux du crime avec l'estomac vide, appelé en urgence au milieu de la nuit ou d'un repas. De même, il ne fait jamais mystère d'une certaine gourmandise. Ici, il finit rassasié, repu, heureux.
Un Columbo heureux, pour un épisode tout aussi formidablement écrit qu'interprété et mis en scène. Un de mes préférés. Il révèle des ambitions on ne peut plus réjouissantes, sans doute afin de faire oublier la triste saison 6.
Trombi:
Richard Dysart:
Mako:
France Nuyen:
Michael V. Gazzo:
Larry D. Mann (à droite):
Miyako Kurata:
Mieko Kobayashi:
Antony Alda:
Carolyn Martin:
Alberto Morin:
Fred Holliday:
J'aime beaucoup cet épisode également, la confrontation entre Columbo et ce meurtrier et la scène finale en particulier. Mais sur l'allusion gratuite que vous faites au sujet de l'homosexualité de Louis Jourdan simplement à la façon qu'il a d'embrasser fugitivement Shera Danese, je ne connais pas plus Louis Jourdan que vous sans doute mais il est marié depuis plus de 6O ans avec une française avec qui il a eu un fils. Cela ne prouve pas qu'il ne soit pas bisexuel, mais il faut peut être aussi rappeler que Shera Danese était déjà avec Peter Falk (Columbo) dans la vie à l'époque où l'épisode a été tourné, ceci explique peut être que Louis Jourdan était un peu gêné...
RépondreSupprimerJe crois que vous avez raison. Je ne sais pas d'où ça me vient. J'étais persuadé comme deux et deux font quatre. J'ai beau chercher sur le net, je ne vois pas de traces relativement justifiées. Pourquoi j'avais ça dans la tête? J'ai dû confondre avec quelqu'un d'autre. A trop mêler dans ma mémoire les physiques assez proches, cette élégance, ce style sec mais souple de Cary Grant et Louis Jourdan, je les ai confondus.
RépondreSupprimerQuant à Shera Danese, je ne savais pas qu'elle avait été avec Peter Falk. Maintenant, ces nombreuses apparitions dans la série sont bien plus éclairées. Encore qu'elle n'en ait pas profité outre mesure. Ces participations ne sont pas aussi nombreuses que d'autres.
Je pense que cet étrange amalgame Cary Grant / Louis Jourdan vient des versions synchronisées en français. Un anglophone ne les confondrait pas.
RépondreSupprimerLes américains adorent Louis Jourdan parce qu'il incarne l'élégance et le charme made in France.
Sa voix, son accent et ses intonations sont restés ancrés dans l'inconscient collectif américain (à la Charles Boyer).
à la fin des années 40 et pendant toutes les années 50 Louis Jourdan était perçu comme LE beau gosse européen des studios hollywoodiens.
Louis Jourdan, né à Marseilles, a débuté en France avec de prestigieux réalisateurs tels que Duvivier, L'Herbier, Allégret (il a même l'accent du sud dans l'Arlésienne con) et a poursuivi une étonnante carrière à Hollywood (Hitchcock, Tourneur, Ophuls, Minnelli etc.)
Contrairement aux français, les américains n'ont pas oublié Louis Jourdan et il reste à ce jour une des stars de l'âge d'or du cinéma hollywoodien.
Je pense que cette homosexualité que tu perçois peut venir de la représentation par le réalisateur de la "préciosité", du "chic" de la gastronomie française.
Louis et son épouse Quique (mariés depuis plus d'un demi siècle maintenant) sont toujours ensemble et passent leur retraite dans le sud de la France.
http://monsieurjourdan.blogspot.com