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vendredi 13 mars 2009

Le gouffre aux chimères




1951

Titre original: Ace in the hole
Titre francophone : Le gouffre aux chimères

Cinéaste : Billy Wilder
Comédiens : Kirk Douglas - Jan Sterling - Porter Hall - Robert Arthur

Vu en dvd

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Énième claque visuelle et narrative made in Wilder! Un bonbon de fluidité dans le récit, une magnifique mise en image.

Wilder et ses scénaristes (Lesser Samuels & Walter Newman) nous racontent une grande fable moraliste avec une mécanique hautement bien huilée. Tous les éléments de mise en scène sont parfaitement mis à la bonne place, au bon moment avec une légitimité et une justesse écrasantes de vérité et d'intelligence. En tout point remarquable. Le spectateur est attrapé par le col pour un périple haletant, d'une intensité sans faille, sans aucune espèce de baisse de régime. Continuum espace-temps.

Ce splendide travail d'orfèvre est appuyé par une non moins énième et époustouflante démonstration (on aurait dû mettre sur l'affiche : "trouage de popotin garanti!") de Kirk Douglas.
Comment peut-on ne pas aduler la maestria de ce géant? Avec la brillance qu'on lui connait, il parvient une fois encore (pensez aux Ensorcelés et dans une moindre mesure Out of the past) à jouer le salopard, l'immonde cynique tout en lui conférant par de savants regards ou de simples et d'indistinctes postures, tout en finesse et économie, une sensible part d'humanité ou de raison. Son méchant n'est pas bêtement tout à fait un méchant et uniquement cela. Il lui donne une complexité merveilleuse et jouissive à suivre parce qu'ultra réaliste, ancrée dans une vérité qui est somme toute assez rare à l'écran à l'époque.


****SPOILERS:
Je regrette seulement (et à un degré peu élevé) le revirement du personnage ou, pour être plus exact, la soudaineté de ce bouleversement. J'aurais préféré qu'il aille au fond du trou... jusqu'au bout du film. Fin sans doute impossible à proposer au public pour les studios. Fin d'un pessimisme trop acéré? Parce que finalement il trouve ici une sorte de rédemption pour ses péchés. Il s'inflige une sorte de Passion à ne pas chercher des soins pour traiter sa blessure. Il choit aux pieds de son ex-patron, mais plus encore nettement, il échoue! Tout simplement, son échec est son revirement. En cela, le film a une portée proche du happy-end indirect : il clame que bien mal acquis ne profite jamais. C'est d'ailleurs bien en cela que le film prend une valeur moraliste. Je pense néanmoins que montrer le monde tel qu'il est, les monstres tels qu'ils sont, c'est à dire des monstres qui vont jusqu'au bout de leurs crimes, aurait été un parti-pris encore bien plus moraliste. Intensément sordide.

Mais d'un autre côté, ce basculement de valeurs et de comportements chez Tatum (Douglas) permet au film d'offrir une fin avec des teintes plutôt romantiques, celle notamment de l'ange déchu, de l'égoïste aveugle recouvrant la vue et l'altruisme, revenu du fond des ténèbres. L'enfer est sur terre quand le paradis est dans nos cœurs.
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Au-delà de la trajectoire de ce personnage central, l'histoire prend à bras le corps le problème de la manipulation de l'information, de l'artificialité du spectacle médiatique. Les scénaristes traitent le sujet sur un mode franchement frontal et surtout d'une modernité extrêmement courageuse. Coup de poing sur la table!

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