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vendredi 31 août 2018

L'opération Corned Beef



1991

Titre original : L'opération Corned Beef

Cinéaste: Jean Marie Poiré
Comédiens: Christian Clavier - Jean Reno - Valérie Lemercier

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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J’aime beaucoup la troupe du Splendid, son évolution, ses acteurs aux filmographies si diverses, si riches pour certains, si audacieuses pour d’autres. C’est un gang sympathique, dont la créativité et la joie naissante a laissé de bien grandes comédies françaises.

Parmi eux, Christian Clavier est sans doute l’un des membres dont le parcours a été et reste le plus décrié. Pourtant, il est sans doute également un des plus doués en même temps que des plus variés. Et, me semble-t-il, le déchaînement de critiques acerbes à son encontre, a commencé véritablement avec ce film, bien que ce soit sur La soif de l’or et Les anges gardiens qu’elles se sont faites les plus virulentes. Les questions qui m’intéressent aujourd’hui alors que je revois ce film est de savoir ce que valent le film, la prestation de Christian Clavier, sa collaboration avec Jean Reno et également la propre évolution de la mise en scène de Jean-Marie Poiré déjà assez évidente sur ce film, alors que le succès des Visiteurs est encore à venir. Est-ce qu’avec le recul on peut considérer un film et ses créateurs pour ce qu’ils offrent à l’écran, ce qu’ils produisent, indépendamment des guéguerres propres au cinéma français entre l’élitisme intellectuel et le divertissement populaire, puisque le reproche essentiel fait à Clavier reste celui d’avoir surfé sur le succès et d’avoir usé jusqu’à la corde de recettes qui ont marché?

Je comprends que l’on puisse tiquer devant les gesticulations hystériques trop souvent utilisées par l’acteur, mais aussi pour ce film en particulier devant le scénario un peu déséquilibré, de même que devant le montage d’ores et déjà trop serré qui fait la marque de fabrique du cinéma de Jean-Marie Poiré.

Toutefois, il serait un peu trop hâtif de notre part, et même injuste, ne pas souligner la complicité naissante et déjà réjouissante qui se développe entre Christian Clavier et Jean Reno par exemple, un des points forts du film si l’on veut bien y porter un regard serein.

Il convient aussi de ne pas oublier que le scénario, aussi inconstant soit-il, recèle quelques très bons moments de comédie pure, grâce à des dialogues bien sentis et des comédiens parfois excellents. Les reproches qui me paraissent justifiés sur Les anges gardiens ou La soif de l’or me semblent ici prématurés. Le montage est notamment, certes très rapide, mais encore tout à fait lisible. Tout le long du film, il sait aménager les temps un peu plus calmes, autant de temps de respiration pour mieux mettre en valeur les scènes d’action ou de comédie. La dynamique au cœur du film est pleine d’allant, de vivacité. Le début et la fin sont un peu plus ronronnants et offrent un contraste un peu trop saisissant ; c’est là qu’une certaine forme de déséquilibre altère la cohérence de l’ensemble et donc la fluidité générale de la narration. De fait, on a du mal à voir dans L’opération Corned Beef un film bien construit.

La prestation de Christian Clavier

 n’est pas mauvaise, même si elle peut laisser certains sur leur faim. A peu de choses près, son personnage fait penser à celui qu’il tient dans Papy fait de la résistance, celui d’un bourgeois arriviste, dont le statut social ne tient qu’à un fil, celui de son épouse fortunée. Clavier n’a pas fait basculer son jeu dans l’hystérie la plus complète, celle qu’il manifestera plus tard. Par bribes pourtant, elle peut apparaître ici ou là, en germe si l’on peut dire, mais si l’on y regarde de près, elle a toujours été plus ou moins constitutive de son jeu, chez tous ses personnages. Et quand il la gère parfaitement, avec mesure, il en est le roi incontesté. Il n’a pas le génie d’un Louis de Funès, loin s’en faut, mais il fait partie des comédiens français qui peuvent s’y risquer et parfois en créditer à bon escient ses personnages et le comique qui en résulte. Je dirais même qu’elle fait la quintessence de son jeu, construit sur le déni, et l’explosion comique de la vérité à un certain moment. Dans Papy fait de la résistance, dans Les bronzés, dans Le père Noel est une ordure, il est déjà magistral sur ce point là. Dans Les Visiteurs, il fait évoluer son jeu de façon diamétralement opposée (une sorte de parenthèse).

Dans L’opération Corned Beef, il fait encore preuve de justesse et de précision. Le petit bémol vient plutôt à vrai dire du scénario car son personnage est assez imbécile, ou du moins d’une grande naïveté. Un peu lent à la détente pour comprendre ce qui se déroule pourtant sous ses yeux, il apparaît un peu nigaud et finalement peu sympathique.

Face à lui, Jean Reno

joue les gros bras jaloux, la masse de muscles pas plus futé que son compère, feignant de contrôler mais qui en réalité perd les pédales facilement. Pas non plus très sympathique, son personnage fonctionne pourtant à merveille en combinaison avec celui de Clavier.

Si individuellement, les deux personnages offrent peu de prises sur lesquelles le public peut s’accrocher, leur association de losers, leur interaction est d’une belle richesse comique et fait en fin de compte tout le sel du film. Il y a déjà là un avant-goût du duo des Visiteurs qui me plait beaucoup. Je crois bien que c’est ce pour quoi je revois ce film avec un certain plaisir malgré ses défauts, cette évidente complicité entre les deux acteurs.

Il y a tout de même quelques petits plus à mettre au crédit de ce film : des rôles secondaires superbement tenus! Je pense ici d’abord à Valérie Lemercier et Jacques François, peut-être Jacques Sereys. Je serais moins disert sur Isabelle Renauld ou Mireille Rufel cependant.

Valérie Lemercier

 n’a finalement qu’un tout petit rôle, trop réduit selon moi, mais cette aptitude incroyable à éclairer son personnage d’une lumière comique ultra puissante est ici, comme toujours avec cette grande comédienne, d’une efficacité autant que d’une inventivité scénique remarquables, qui me surprennent à chaque fois. Jacques François

 dont le jeu rigide est toujours succulent livre comme d’habitude une performance redoutable : très collé-monté, ses pics de colère font mouche.

Même s’il souffre de quelques déséquilibres, L’opération Corned Beef reste une comédie que je peux voir avec plaisir, pour deux ou trois scènes, deux ou trois comédiens.

Trombi:
Mireille Rufel:

Marc de Jonge:

Jacques Sereys:

Jacques Dacqmine:

Isabelle Renauld:

Jean-Marie Cornille:

André Schmit:

Raymond Gérôme:

Philippe Laudenbach:

Dan:

Luc Barney:

Stéphane Boucher:

Jean-Pierre Clami:

Paco Mauri?

Marie-Laurence?

Francis Coffinet:

La planète des vampires



1965

Titre original: Terrore nello spazio
Titre francophone : La planète des vampires

Cinéaste: Mario Bava
Comédiens: Barry Sullivan


Vu à la télé

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Ancienne critique : 

Grosse déception au visionnage de Terrore nello spazio (La planète des vampires). J'ai découvert Bava avec le remarquable I Tre volti della paura (Les trois visages de la peur) aussi mon désenchantement est-il intense. Bien entendu que cela ne constitue pas non plus un arrêt définitif à ma découverte de Bava. Je continuerai à en regarder avec curiosité.
Cette planète des vampires est une espèce de mélange de Star Trek, Planète interdite et Alien, mais du pauvre. Effectivement, les décors des vaisseaux, les jeux de lumière simplistes, les fumées, la mise en scène à deux lires, le scénario proprement ordinaire et pompant sans retenue dans tous les clichés et les mythologies de sf, tous ces ingrédients font de ce pauvre film un objet au mieux ridicule et drôle, au pire soporifique.
J'ai quelques difficultés à adoucir mon jugement sans mansuétude, tant je me suis emmerdé. Mais il est vrai que l'on pourrait trouver des circonstances atténuantes, l'année de création déjà... les mythologies sf de l'époque ne sont pas aussi élargies que maintenant et Bava se nourrit des bédés Flash Gordienne et autres fumetti non dénués de charme, mais aux histoires et univers sans doute plutôt avides de conventions et de codes qui m'échappent. Difficile pour moi d'accéder à ce monde-là. Ceci peut expliquer cela. C'est vraiment pour chercher des excuses au film... pfff.

Nouvelle critique :

Je crois que c’est un des 1ers films de Mario Bava que j’ai vus. Même s’il n’est pas du niveau de ses plus grands films, comme Les trois visages de la peur que j’adore, il reste tout de même d’une excellente facture, un film d’ambiance fort réussi. 
Pourtant, la première fois que je l’ai vu, je n’avais pas du tout aimé. A priori en effet, le film est visuellement très pauvre, très carton-pâte et le rythme est assez lent. Certes, les moyens pour réaliser un film de science-fiction sont de toute évidence très faiblards. 
Pourtant, avec le peu qu’il a, il arrive à obtenir un spectacle que je n’hésite pas à qualifier de gracieux, plein de mystère dont il émane une certaine poésie. Le passé de directeur photo de Bava contribue effectivement à créer une esthétique très colorée, presque irréelle, fantasmagorique qui donne au film une ambiance sépulcrale et tout doucement angoissante. L’essentiel tient sur les formes chaotiques des décors, ces brouillards rouges, bleus, verts et jaunes, les accoutrements futuristes et la caractérisation tout aussi simpliste des personnages rappellent les lignes simples et les héros ordinaires, mais malmenés que les bédés italiennes petit-format, les fumetti, mettent en scène traditionnellement. 
Par bien de ses aspects, le récit fait bien évidemment penser à Alien. La structure est identique. L’ossature narrative est l’exacte copie : le vaisseau spatial détecte un message de détresse sur une planète inconnue, s’y pose et l’équipage est peu à peu décimé par un mal inconnu. Peu réussiront à survivre à cet isolement forcé.
Malgré la forme qui par moments laisse un peu trop voir les manques et peut par conséquent prêter à sourire, la majeure partie du temps on se laisse porter par cette histoire, cette réalisation qui titille le plaisir contemplatif du spectateur. Très souvent, on peut être comme subjugué par l’inventivité de la mise en scène alliant la simplicité du récit et l’outrance de la forme. Evoquer du cinéma “pop corn” serait malvenu ici, parlons plutôt pour du cinéma “gelati artisanale”.

jeudi 30 août 2018

La totale



1991

Titre original : La totale

Cinéaste: Claude Zidi
Comédiens : Thierry Lhermitte - Miou Miou

Notice SC
Notice Imdb

Vu à la télé

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Dire que ce film a fait l’objet d’un remake de James Cameron est déjà à la base une surprise, mais la plus impressionnante est que le remake s’est avéré meilleur, ce qui en général n’est pratiquement jamais le cas. Voilà un cas contraire qui confirme la règle!

La totale fait donc très pâle figure devant son petit frère hollywoodien. Les Américains sont venus chercher dans un piètre film français un scénario et lui ont ajouté quelques effets spectaculaires supplémentaires. Parce que le scénario de La totale est exactement le même que True Lies, sauf ces nombreuses autres scènes en suppléments donc. Quand on a vu True lies, difficile de revoir La totale sans sourire devant la pauvreté des moyens. Allons, essayons tout de même de faire abstraction et prenons La totale de la façon la plus objective possible.

L’idée centrale de Claude Zidi, Simon Michael et Didier Kaminka (en fait issue d’un scénario de Lucien Lambert) est très bonne : un agent apprend que sa femme a un amant et met en branle les moyens du contre-espionnage français pour enquêter sur cette relation adultérine, dévoilant sa propre double vie et mettant en danger toute son existence. Les quiproquos, les situations sont gentiment drôles. Rien de bien ébouriffant, ni de désopilant. Pépère mais sympathique.

Le binôme Thierry Lhermitte et Miou Miou

 est excellent, même si j’ai un peu de mal avec le personnage très coincé au départ de Miou Miou

qui nous a, il est vrai, peu habitué à interpréter des rôles de petite bourgeoise.

Celui d’Eddy Mitchell

est un poil ingrat : censé épauler Thierry Lhermitte, il est aussi un peu celui par quelques saillies grivoises amène une pincée d’humour gras.

Thierry Lhermitte

fait un travail correct. Il tombe des nues d’abord avec son fils qui flirte avec la petite délinquance, puis avec sa femme dont il découvre la vie parallèle.

Les démonstrations de force des agents français font un peu sourire par leur modestie. Il y a un côté amateur, artificiel, qui ne nous incite pas à y croire réellement. Le rythme du scénario, de la mise en scène, sans doute du montage surtout ne permet pas d’être happé par l’histoire que l’on suit sagement en attendant de la surprise, de l’élan qui ne viennent pas.

Dans le remake,au moins les scènes d’action et la contribution sexy de Jamie Lee Curtis soutiennent l’attention du spectateur. Ici on s’ennuie presque. C’est gentil, ça fait pas bobo, mais oui on s’ennuie un peu, le film n’est pas à proprement parler mauvais, mais on peut l’oublier facilement.

Trombi:
Michel Boujenah:
Jean Benguigui:
Annick Alane:
François Hadji-Lazaro:
Sagamore Stévenin:
Claudine Wilde:
Yan Epstein:
Fabienne Chaudat:
Thierry Liagre, Pierre Pellerin, Alain Stern et Jean-Guillaume Le Dantec:
Sylvain Katan et Frédéric Diefenthal: