vendredi 26 novembre 2010

Meurtre d'un bookmaker chinois



1976

Titre original: The killing of a chinese bookie
Titre francophone : Meurtre d'un bookmaker chinois

Cinéaste: John Cassavetes
Comédiens: Robert Phillips - Seymour Cassel - Timothy Carey - Ben Gazzara

Notice Imdb

Vu en dvd




Mon deuxième Cassavetes après le déjà lointain "Opening night", un Criterion qui m'avait bien évidemment interpellé dans un premier temps, puis charmé par la mise en scène du cinéaste.

Cette caméra très libre, qui semble s'émanciper des contingences esthétiques habituelles, de la lumière, des distances etc, plus libre encore que celle de la Nouvelle Vague, une caméra qui colle aux personnages, qui reste parfois statique, attentive aux moindres gestes, à un regard, un sourire, des effleurements de sentiment.

La manière dont les comédiens ont de jouer, comme s'ils oubliaient la caméra, "si une part de gâteau vous intéresse, servez-vous en", semble dire la direction, "faites vous même le trajet vers le gâteau, prenez l'initiative, comme ça vous chante", une mise en scène pour le plaisir de jouer, d'inventer. Ce qui ne cesse de m'étonner, c'est le fait que malgré cette grande liberté, jamais on a la sensation que la caméra ne perd le fil, ne rate un geste, une intention. La prise de risque devrait amener les acteurs et la caméra à faire des erreurs. Que nenni, des nenni partout!

Je suppose que le travail au montage de Tom Cornwell a permis de créer ce bel objet. La lecture, en dépit des apparences d'improvisation, de funambule permanent est finalement d'une fluidité remarquable. Et jamais on ne termine le film avec le sentiment d'avoir vu un film d'amateur un peu foutraque et pas fignolé. Tout au contraire, le diamant finement et patiemment poli domine. L'étonnement laisse ensuite progressivement place à la satisfaction, au plaisir serein, une certaine forme de grâce.

Il n'y a dans ce film qu'une seule séquence où j'ai cru voir les acteurs "jouer" leur rôle, celle où Cosmo Vitelli (Ben Gazzara) vient négocier et finalement "rompre" avec la mère de Rachel. Le jeu de Gazzara, avec son sourire énigmatique derrière lequel il ne cesse de se cacher et qui prend une part d'importance dans son expression, m'a paru forcé, alors que tout le long du film avec les mêmes attitudes, il reste aérien, naturel et par conséquent subjuguant. Étrange que cette scène ne "passe" pas.

Timothy Carey sur une ou deux scènes ne peut s'empêcher de faire le mariole. C'est une maladie chez ce mec, "ça va, cette fois le personnage peut nous le faire admettre, mais n'y revenez pas!"

Je parlais d'étonnement, mais ce n'est pas vraiment une surprise tant Cassavetes dirige ses acteurs comme une troupe de théâtre en répétition, avec une grande part d'improvisation suscitée afin de libérer les mots et les gestes, pour qu'un certain réalisme accompagne le film et impose les enjeux dramatiques avec plus de force. Cosmo Vitelli au milieu des filles, de sa troupe, discute, sourit, encourage, anime et insuffle la vitalité nécessaire pour son spectacle. Sans doute est-il John Cassavetes lui même, son double.

J'avais lu ici ou là des critiques signalant les nombreux liens entre ce film et "Tournée" de Mathieu Amalric. Je suppose que le parcours chaotique et passionné, encrotté d'emmerdes des deux directeurs de troupe, ainsi que les figures princières des deux hommes sont effectivement assez similaires,

la différence venant plutôt de la moindre place des femmes dans le film de Cassavetes. M'enfin, personnellement, il n'y a pas photo : au finish, le Cassavetes, visuellement plus beau, psychologiquement plus intense, tient trois encolures d'avance.

Trombi:
Seymour Cassel:

Morgan Woodward:

Robert Phillips:

Azizi Johari:

Al Ruban:

Meade Roberts:

Virginia Carrington:

Alice Fredlund:

Donna Gordon:

Val Avery:

Soto Joe Hugh:

Miles Ciletti:

Trisha Pelham:

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