jeudi 21 mai 2009

Le fanfaron



1962

Titre original : Il sorpasso
Titre anglophone ; The Easy life
Titre francophone : Le Fanfaron

Cinéaste: Dino Risi
Comédiens: Luciana Angiolillo - Jean-Louis Trintignant - Catherine Spaak - Vittorio Gassman

Vu en dvd



Dino Risi invite souvent son spectateur à un voyage. Le fanfaron est par essence d'abord un road-movie, une invitation à découvrir la banlieue et la campagne romaine, les bords de mer investis par les romains sous le soleil de la mi-août.

L'Italie se découvre une folle envie de vivre ardemment après la guerre, surtout la jeune génération. Les scénaristes Scola, Maccari et Risi vont utiliser une sorte de couple aux allures clownesques, l'un servant de miroir à l'autre, en contraste physique autant que philosophique, sorte d'anti paire clown blanc et auguste (ici c'est l'auguste qui décide).

Gassman est un faux adulte, celui qui n'a jamais cessé d'être un adolescent. Son exubérance et son inconséquence le font passer à toute vitesse dans la vie des autres, ses compagnes, sa fille et son dernier ami en date, un Trintignant, jeune mais emprunté, sévère étudiant en droit, à l'avenir tout tracé, en gris terne et morne.

La rencontre est explosive. Progressivement l'influence du fanfaron va libérer Trintignant de ses inhibitions bourgeoises, l'agaillardir jusqu'au climax qui relativise violemment les choses.

Reste que le film est donc le portrait étonnamment touchant du monsieur Sans-Gêne. Vittorio Gassman se déguise en un sorte de personnage très italien, très proche de la Commedia dell'Arte, proche d'Arlequin, bouffon libre et joyeux, gouailleur, nous montrant qu'au fond des attaches matérialistes les plus ordinaires jusqu'aux aspirations existentialistes les plus profondes, l'être humain est infiniment seul, qu'il soit entouré des siens ou d'inconnus d'un soir.

Le ton résolument frais et souriant du film, volontiers moqueur, plutôt snobinard cache mal une intense tendresse de la part des scénaristes pour cette Italie estivale. Comme toujours Risi place encore ses personnages dans des cadres, des plans où l'environnement est respectueusement dépeint, mis en valeur. C'est presque une mise en scène théâtral. Il est manifeste qu'il accorde une importance première aux paysages dans lesquels se meuvent ses personnages. C'est alors un magnifique voyage auquel il nous invite.

Il imprègne presque ses personnages des lieux, des espaces dans lesquels ils se trouvent. C'est une drôle de sensation... oui, voilà, la relation entre personnages et paysages est d'une sensualité étonnante, tout en contribuant au réalisme de l'histoire. Les paysages jouent un rôle à part entière finalement. On a la même personnification du décor dans Parfum de femme. Dieu que j'aime Risi! Diable que j'aime Gassman!

J'adore ce générique et d'entrée Risi maîtrise son espace, le fait parler, entre terrain-vague et banlieue moderne, Rome grandit, la guerre est loin, on peut partir.

3 commentaires:

  1. Un de mes films préféré, avec un gigantesque Vittorio Gassman !
    Seriez-vous d'accord pour échanger nos liens respectifs ?

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  2. Absolument, plus on est de fous...

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  3. un excellent film où vous le soulignez fort bien , se mêle à la fois candeur , joie de vivre , tendresse et tristesse à la fois.
    Le besoin de paraître et d'exister volontairement ostentatoire de V. Gassman dans ce film ne dissimule en fait qu'une profonde détresse liée à la solitude de son personnage. Un peu comme certains qui affirment que l'humour est le masque pudique du desespoir !
    Le contraste entre les 2 personnages est mis en exergue mais ce qui semble ironique , c'est que chacun contribue au changement de mentalité et de visions de choses de l'autre tout au long de ce film. La fin s'avère hélas tragique et m'a beaucoup peiné. Cela signifie accessoirement aussi que j'ai cru à la véracité de cette escapade italienne jusqu'au bout.
    Une formidable leçon de vie en quelque sorte , un Gassman enthousiasmant mais derrière lequel se cache une véritable profondeur , une sincérité que l'on ne soupçonnait pas de prime abord et un Trintignant dans le rôle d'un étudiant naïf découvrant les plaisirs et les faces cachées de la vie en 2 jours à peine au contact de son mentor.
    Et les paysages traversés dans cette Italie des années 60 sont fantastiques !
    Les seconds rôles sont tout aussi truculents , à l'instar de la restauratrice prenant son jour de repos le 15 août (logique après tout) , du fameux cousin Alfredo au discours moralisateur et empreint d'une idéologie mussolinienne , de la tante Clara douce et effacée et du pépé auto-stoppeur amateur de Twist et très à l'aise dans la lancia Spider. Tous contribuent à apporter une note fraîche et exaltante dans le contexte socio-économique italien des années 60 où l'on pouvait encore avoir foi en l'avenir... Eric

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